La travailleuse sociale devenue comédienne, Ariane DesLions est en tournée dans les écoles du CSAP pour quelques semaines encore. Elle y présente son spectacle « Rêves à colorier ».

On parle des conflits familiaux, de pauvreté de santé mentale donc des sujets un peu plus difficiles, mais le ludique et la musique permettent de dédramatiser tout ça, dit l’auteure-compositrice-interprète.

Ariane DesLions a travaillé en santé mentale et en itinérance avant de se lancer dans le théâtre pour enfants dans l'espoir d’aider les jeunes à trouver des mots pour exprimer leurs émotions.

« Je pense que les enfants sont capables d’entendre parler à propos de tous les sujets, il suffit simplement de mettre des mots. »

— Une citation de Ariane DesLions, auteure-compositrice-interprète

La fabricoleuse fabrique toutes sortes d'instruments, mais aussi des mots, comme un parent montgolfière, qui est parfois distant, et une tempête pour parler de la colère.

Une image qui a résonné avec le jeune Antoine Massé.

Quand nos parents disent qu’on ne peut pas faire les choses qu’on veut, on devient fâché pis là ça commence à faire une grosse tempête dans notre tête, remarque l’élève de 3e année de l'École Rose-des-Vents à Greenwood.

Il était content d'apprendre quelques trucs pour calmer ses tempêtes et il a beaucoup apprécié les instruments un peu comiques du spectacle, comme la guitare en roue de vélo.

J’ai aussi beaucoup aimé les instruments, lance la jeune Naomie Lafontaine de 5e année, qui décrit le ukulélé encastré dans une boîte à lunch métallique comme son préféré.

Ariane et son complice Tiyou, qui ne communique que par les sons et la musique, utilisent une dizaine d’instruments pour présenter les multiples chansons du spectacle.

«On fait de la musique avec tout » , dit Ariane DesLions.

«C’est vraiment une manière de communiquer, de se comprendre et d’exprimer nos émotions.»

Le directeur adjoint de l’École, Alex Godbold a lui aussi aimé le spectacle. 

« J’ai trouvé la thématique sérieuse mais en même temps c’étais présenté de manière comique, on entendait les enfants rires, raconte-t-il. Ça fait tellement de différence dans la vie des élèves, affirme monsieur Godbold. En plus, ça nous aide à réaliser que l’apprentissage ou l’éducation, ce n’est pas toujours dans une salle de classe que ça peut se passer. »

Le spectacle Rêves à colorier est présenté dans les écoles du CSAP pour encore quelques semaines, puis la tournée se poursuivra dans des écoles du Nouveau-Brunswick, du Québec, de la Saskatchewan et du Nunavut.

Ce n’est pas toujours évident de parler des enjeux en santé mentale avec les enfants. Pourtant, Ariane DesLions en fait son cheval de bataille avec sa pièce de théâtre pour enfants Rêves à colorier.

Jean-Philippe Giroux – IJL – Réseau.Presse – Le Courrier de la Nouvelle-Écosse

Mme DesLions est la créatrice et productrice de la pièce de théâtre ainsi que l’auteure-compositrice-interprète des chansons du spectacle. 

Elle joue le rôle de la rafistoleuse qui essaie de tout réparer dans sa vie, des objets cassés aux relations familiales difficiles. 

La musique de la pièce devient alors un refuge pour traverser les tempêtes à la maison. 

« C’est très sensible, très touchant, mentionne la créatrice. C’est ça qu’on remarque par les réactions des parents et des enseignants qui voient le spectacle, parce qu’on nomme de vrais sujets qui ne sont pas toujours abordés dans la chanson jeunesse. » 

Ce qu’elle aime le plus du théâtre pour enfant, c’est que presque tout est permis devant un public aussi curieux et candide qui est prêt à embarquer dans le jeu. 

Les comédiens utilisent plusieurs outils bricolés comme accessoires de scène.  

« Un prétexte d’intervention » 

Travailleuse sociale de formation dans le domaine de la santé mentale et de l’itinérance, Mme DesLions est d’avis que le théâtre jeunesse est un moyen d’aller plus loin pour outiller les gens et marquer des vies. 

« Pour moi, c’était une priorité d’aborder ces sujets-là, de les nommer, précise-t-elle. Je crois que les enfants sont prêts à tout entendre. » 

Elle raconte avoir grandi avec une famille qui a vécu diverses problématiques liées à la santé mentale et n’avoir pas eu d’endroits désignés à l’école pour en parler. 

« Moi, je voulais donner des outils, confesse-t-elle. C’est ça l’idée de la fabricoleuse : donner des outils aux enfants et aux parents. » 

En utilisant des personnages clownesques, elle arrive à dédramatiser les problèmes de santé mentale qui touchent les gens qu’on aime. 

Ses bricolages véhiculent de manière ludique des messages sérieux, comme sa montgolfière attachée à une canne à pêche qui sert de métaphore d’un parent qui n’est pas terre-à-terre, à cause de problèmes personnels.  

Elle souhaite que son art puisse permettre à certains jeunes de se sentir moins seuls lorsque le mauvais temps arrive. 

Tendre le micro aux jeunes

Ariane DesLions en train d’accorder sa « roukistar », une guitare fabriquée à partir d’une roue de vélo et un ski. 

Dans la région de Clare, ce sont les élèves de l’École Stella-Maris (ESM) et de l’École Joseph-Dugas (EJD) qui ont eu la chance de rencontrer Ariane DesLions et sa machine à son, Tiyou. 

Claire Durand-Bigras, écolière de la deuxième année de l’ESM, a surtout aimé le thème du fabricolage. « Ce que j’ai trouvé le fun, c’est que c’était une personne qui fabriquait des objets avec des choses qu’elle pouvait réutiliser », dit-elle. 

« Tu n’as pas besoin de trop pour faire des choses », ajoute Jayden Leblanc, 5e année de l’ESM. 

La pièce de théâtre d’Ariane DesLions touche des thèmes comme la persévérance et la résilience, ce qui s’est ressenti chez plusieurs des écoliers. « Moi, j’ai appris qu’il ne faut jamais abandonner », affirme Teche Dugas, 6e année de l’EJD. 

Ariane Carrier, 6e année de l’ESM, écrit des chansons depuis un an. Elle dit que le spectacle lui a donné le goût de retourner à son piano pour composer de nouvelles œuvres. 

La présentation de Rêves à colorier fait partie de la série de spectacles présentée par le Réseau atlantique de diffusion des arts de la scène (RADARTS).